

For you, is it all about balance, a well-thought-out approach?
Géraldine: I do this sport when I'm feeling really good. People often
wonder if you have to be "half crazy" to do it. But in fact it's just
the opposite! You have to be really together. Before each flight, I
calculate a trajectory. I memorize it, I repeat it several times in my
head until I know it by heart. I know exactly where I'm going to land,
I have emergency landing spots, there's no sense of discovering
the unknown. It's all about preparation and anticipation, like a pilot
preparing their plane before takeoff.
Ton truc, c’est l’équilibre, une approche réfléchie ?
Géraldine : Je fais ce sport quand je suis vraiment bien. Souvent on
me demande s’il faut être « à moitié taré » pour pratiquer. Hé non,
justement pas ! Il faut être vraiment bien dans ses baskets… Avant
chaque vol, je calcule une trajectoire. Je la mémorise, je me la refais
plusieurs fois, jusqu’à la connaître par cœur… Je sais exactement où
je vais atterrir, j’ai des « poser de secours », il n’y a pas de découverte.
C’est de la préparation, de l’anticipation, comme un pilote qui prépare
son avion avant son vol.
Tell us what it's like just before you jump, when you lower your
goggles.
Géraldine: It's the last thing I do after all my checks, and then I'm in
my world! It's my minute just for me. I'm in my own little bubble,
nothing else exists any more. All I can hear is the noise of nature,
the wind, the snow flying. When I'm at the summit, ready, I know
I'm in the right place! Happiness is living in the present moment.
Parle-nous du moment avant de sauter,
quand tu descends tes lunettes…
Géraldine : C’est la dernière chose que je fais après tous mes points
de contrôle, et là, je suis dans mon monde ! C’est ma minute à moi.
Je suis vraiment dans une bulle, il n’y a plus rien d’autre qui existe. Je
n’entends plus que les bruits de la nature, le vent, la neige, qui volent.
Quand je suis au sommet, prête, je sais que ma place est juste ! Le
bonheur c’est l’instant présent.
Après plusieurs titres en snowboard, pourquoi
être passé de la neige à l’air ?
Géraldine : J’ai commencé le parachutisme en 1998 et le base-jump
en 2001, je n’avais encore aucun titre en snowboard à cette époque
là. Je cherchais un sport d’été qui m’apporte autant de bonheur et
de sensation que le snowboard et qui me donne envie de faire de la
montagne. Je suis tombée sur des images de base-jump et c’était la
même vision qu’en snowboard : faire un magnifique sommet, attendre
les bonnes conditions, s’imprégner de l’élément, être dans le calme,
s’équiper et puis voler sa ligne comme on vole sur la neige. Je suis une
artiste, je dessine des lignes. C’est de la poésie de voler ou de rider,
c’est toujours épouser les courbes de la montagne le mieux possible
et jouer avec la lumière. C’est une communion avec la nature : la
marche, l’approche, les animaux, le sommet et finalement la ligne…
You don't talk about wingsuit flying as it's portrayed in the media...
Géraldine: For me it's a super-gentle sport, where you need to know
yourself well and what you're capable of. I'm not a stuntwoman. Of
course, at times I've thought: I can do anything, there are absolutely
no limits, after a successful flight. When you're a pro athlete, you
can very easily "levitate." In those states where you feel invincible, it's
absolutely essential to come back down to earth before continuing
to jump. You need to gain some time and distance. It’s a sport where
you can’t afford to make a mistake. I also have lots of friends outside
my world which allows me to have other interests and a normal
life, so I've always been able to keep my feet on the ground as I live
through my adventures.
Tu ne parles pas de la wingsuit comme en parlent les médias…
Géraldine : Pour moi c’est un sport hyper doux, ou il faut une
connaissance totale de soi et de ses capacités. Je ne suis pas une
cascadeuse. Bien sûr, ça m’est arrivé de me dire : je peux tout faire,
plus rien ne m’arrête, après une grande réalisation. Quand on est
athlète pro, on peut vite « léviter ». Dans ces états où tu te sens
invincible, il faut absolument redescendre sur terre avant de continuer
à sauter. Prendre de la distance et du temps. C’est un sport ou on n'a
pas le droit à l’erreur. J’ai aussi beaucoup d’amis hors de mon milieu
ce qui me permet d’avoir d’autres intérêts et une vie normale, cela
m’a toujours permis de garder les pieds sur terre au fur et à mesure
de mes aventures.
asnacht
Géraldine
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© D. Carlier