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On a Volvo Ocean 65, everything is perfectly choreographed and

timed. Each day is divided into six watches of four hours each. When

part of the crew is in action on deck, the other members "enjoy" the

comfort of the super-spartan cockpit. "In theory the "off" watch

allows you to look after your own needs, but in reality you don't

have much time to yourself," explains Liz Wardley. "We're regularly

called on to trim the sails or perform a maneuver." Sleeping and

eating might be overstating it aboard a boat like this. No cook, just

dehydrated, high-calorie food to make up for the colossal amount

of energy expended by the sailors. Not much shuteye either, but

micro-naps rocked by the waves, strapped into a narrow bunk that

acts as a berth. "You don't ever sleep very deeply because there's

lots of noise and movement," says the sailor. Every time a wave hits

the hull it makes a deafening crash in the carbon cockpit, which acts

as an amplifying sound box. Thankfully, nature has it all worked out:

"When you're exhausted, completely shattered, the conditions don't

matter and you sleep!" Six hours a day, rarely more.

Life at a 45° angle also makes each daily task more difficult: drinking

water (desalinated), getting your gear on, doing your business in a

bucket, and so on. "Living aboard a boat in the Volvo is a bit like trying

to keep your balance on an icy slope shaken by an earthquake,"

explains "Chook". For her, like any sailor, water, salt and cold are

the main enemies: "You're often soaked, and I get especially wet as

I'm responsible for trimming at the bow of the boat. I take plenty

of water in the face!" Battered by the wind and sea spray, in glacial

conditions when sailing in polar latitudes, nerves are sometimes

tested to breaking point. Welcome to hell!

Faced with these extreme situations, solidarity is the key word on

board. "A good crew is a tightly-knit group, where everyone pulls

in the same direction. Of course, you need people with a strong

physique, but even more important are great competitors with a

good mental outlook. There are sometimes tensions, so you have

to be able to talk frankly with each other," says Liz, knowing that

she can count on her fellow crew members in any circumstance.

"Emotions can be read on our faces, you can't hide what's going

on. When someone's not feeling great, we support them." Living

extraordinary adventures, at the ends of the earth, inevitably creates

strong bonds. "Although you couldn't say we're a family, we do form

a team of professionals with a shared objective: to make the boat go

as fast as possible." To achieve this, although versatility is important,

everyone has a set role: trimmer, tactician, helmsman, etc. The

skipper is like the conductor of an orchestra. The main decision-

maker, they chart the course. Most importantly, they guarantee the

cohesion of the group. Which is ultimately the secret of success.

Sur un Volvo Ocean 65, tout est millimétré et minuté. Une journée se

décompose en six quarts, de quatre heures chacun. Quand une partie

de l’équipe est au front, sur le pont, l’autre profite du confort très

spartiate du cockpit. « En théorie le quart "off" permet de prendre soin

de soi, mais en réalité on est assez sollicité, nuance Liz Wardley. On

est régulièrement appelé pour effectuer des réglages ou réaliser une

manœuvre. » Manger et dormir sont de bien grands mots à bord d’un

tel bateau. Pas de chef cuistot, mais de la nourriture déshydratée,

riche en calories pour combler la colossale dépense énergétique

des matelots. Pas de gros dodo non plus, mais des micro-siestes,

bercé par la houle, harnaché dans une étroite bannette en guise de

couchette. « On ne dort jamais très profondément, parce qu’il y a

beaucoup de bruit et de mouvements », confie la navigatrice. Chaque

impact d’une vague contre la coque crée un fracas assourdissant dans

l’habitacle en carbone, véritable caisse de résonnance. Heureusement,

la nature est bien faite : « Quand tu es épuisé, à bout de forces, peu

importe les conditions, tu dors ! » Six heures par jour, rarement une

de plus.

La vie à 45 degrés rend aussi chaque tâche du quotidien

compliquée : boire de l’eau (désalinisée), enfiler son ciré, faire ses

besoins dans un seau... « Vivre à bord d’un bateau de la Volvo, c’est un

peu comme garder l’équilibre sur une pente verglacée secouée par un

tremblement de terre », illustre "Chook". Pour elle comme pour tout

marin, l’humidité, le sel et le froid sont les principaux ennemis : « On

est souvent trempé, notamment moi qui suis chargée d’effectuer les

réglages à l’avant du bateau. Je prends des paquets de mer ! » Balayé

par le vent et les embruns, dans une atmosphère glacée lorsqu’on

navigue sous les latitudes polaires, les nerfs sont parfois à fleur de

peau. Bienvenue en enfer !

Face à ces situations extrêmes, la solidarité est le maître-mot du

bord. « Un bon équipage est un collectif soudé, où tout le monde

tire dans le même sens. Il faut des physiques costauds certes,

mais surtout de grands compétiteurs avec un bon état d’esprit.

Il y a parfois des tensions, alors il faut savoir se dire les choses droit

dans les yeux », assure Liz, consciente de pouvoir compter sur ses

équipiers en toute circonstance. « Les émotions se lisent sur nos

visages, on ne peut pas se cacher. Quand quelqu’un ne va pas bien,

on le soutient. » Vivre des aventures hors du commun, au bout du

monde, ça crée des liens. « Sans parler vraiment de famille, on forme

avant tout une équipe de professionnels avec un objectif commun :

faire avancer le bateau le plus vite possible. » Pour y parvenir, s’il

faut être multitâches, chacun connaît son rôle : régleur, tacticien,

barreur... Le skipper agit lui comme un chef d’orchestre. Principal

décisionnaire, il donne le cap. Il est surtout le garant de la cohésion

de groupe. Le secret du succès.

TEAM

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© S. Greenfield/Volvo Ocean Race.